Déstigmatisation
Qu’est-ce que la stigmatisation ?
Le mot stigmatisation est dérivé du mot « stigmatiser », issu du latin « stigma » qui veut dire « marquer au fer rouge ».
Le Wiktionnaire nous donne deux définitions de la stigmatisation :
- « parole ou action menant à transformer une déficience, une incapacité ou un handicap en une marque négative pour la personne » ;
- « blâme et mise à l’écart d’un individu ou d’un groupe d’individu, du fait de leurs caractéristiques ou de leurs croyances, perçues comme allant à l’encontre des normes culturelles de la société dans lesquelles elles évoluent. »
La stigmatisation est donc le fait de rejeter des personnes que l'on juge comme étant différentes, qu'elles aient un handicap physique, psychique ou toute autre différence.
D’où vient la stigmatisation ?
Jusqu’à la Renaissance, les représentations de la folie étaient en lien avec le religieux.
La folie était interprétée comme une « punition divine », "être possédé par un démon", etc.
Au XVIIème siècle, Descartes faisait la distinction entre la raison et la déraison (la folie).
Etant donné que la déraison ne concernait pas le corps, elle n’était pas considérée comme maladie (et ne concernait donc pas les médecins).
A la même époque, la misère augmentant au sein de sa population, le Roi de France Louis XIV fait construire des grands lieux pour les errants, qu'il appellera « hôpitaux généraux ».
Les 'errants' sont pour lui toutes les personnes qui perturbent le bon déroulement de la vie quotidienne : vagabonds, criminels, prostituées, mais aussi les personnes souffrant de troubles psychiques.
Vers 1800, un tournant s'opère. Les psychiatres français Pinel et Esquirol inventent le traitement moral.
L’asile devient alors un lieu de soins plutôt que d'enfermement.
La folie n’est plus considérée comme « totale » car les deux psychiatres constatent que les personnes malades peuvent être tout à fait lucides et raisonner parfaitement en dehors des moments de folie.
Ils établissent désormais que toute personne peut un jour avoir des problèmes de santé mentale au cours de sa vie.
Au moment de la Révolution Française, les idéaux changent.
Tous les citoyens sont considérés désormais comme égaux, qu'ils soient riches ou pauvres, bien-portants ou malades.
On ne pourra désormais plus exclure un citoyen sous prétexte qu'il ne répond pas à tous les critères de 'normalité'.
Pourquoi les personnes souffrant de troubles psychiques sont-elles stigmatisées ?
Les personnes souffrant de troubles psychiques sont victimes de plusieurs idées reçues :
elles sont 'dangereuses', 'violentes', 'irresponsables', etc.
Cette dangerosité vient du fait que par le passé, lorsqu'une personne était considérée comme folle, elle était placée en hôpital psychiatrique.
Ces hôpitaux étaient situés en dehors des villes et ressemblaient extérieurement à des prisons (enfermement, cellules, barreaux).
Les discriminations des personnes suivies en santé mentale au niveau de la recherche d'un logement ou d'un travail viennent également de cette notion de 'danger'.
Par le passé, les patients étaient toujours mis à l'écart.
Cette tendance est malheureusement encore toujours présente :
« Si je l’engage, pourra-t-il/elle assumer sa charge de travail ? »
« Si je lui loue mon appartement, me paiera-t-il/elle son loyer ? »
« Suis-je en sécurité auprès de lui/elle ? »
Qu’est-ce que l’auto-stigmatisation ?
Lorsqu'une personne découvre son diagnostic, elle peut réagir de deux façons :
- refuser la maladie : 'je ne suis pas fou/folle';
- accepter la maladie mais intégrer aussi tous les stéréotypes qui y sont liés (s'exclure, ne plus se sentir capable, etc.)
C'est cette deuxième réaction que l'on appelle 'autostigmatisation'.
Ce jugement envers elles-mêmes peut être renforcé par l'entourage de la personne. Lorsque les amis et la famille adhèrent aussi aux stéréotypes qui entourent la maladie.
Comment est-ce que la stigmatisation est représentée dans les médias ?
Les médias sont la principale source d’information de la population concernant la maladie mentale. Ils ont donc un pouvoir d’influence sur les perceptions des lecteurs.
Certains articles/vidéos/émissions, à la radio ou en télévision, utilisent du vocabulaire relatif aux maladies mentales pour définir ou justifier un comportement jugé « anormal ». Exemple : un tireur schizophrène a tué plusieurs personnes.
Depuis juin 2017, il existe un guide et un lexique appelé « santé mentale et médias » produit par un groupe de professionnels, de proches et de patients de la santé mentale, coordonné par le Centre Franco Basaglia. Ce travail a été diffusé auprès de 3500 journalistes membres de l’AJP (Association de Journalistes Professionnels).
Que faire contre la stigmatisation ?
Afin de 'déstigmatiser' la santé mentale, c'est-à-dire déconstruire les idées reçues, il faudrait de grandes campagnes coordonnées et maintenues dans le temps.
Ces campagnes de sensibilisation, en plus de s'adresser au grand public, devraient s'adresser aussi à des groupes-cibles particuliers (policiers, journalistes, politiciens, etc.).
La Fondation Roi Baudouin (FRB) a publié depuis 2017 toute une série de brochures intitulées "Tous Fous ?!" basée sur la recherche réalisée par
l’Instituut voor Mediastudies, KULeuven, dirigée par le Professeur Baldwin Van Gorp.
Ces brochures ont pour but d'améliorer la communication autour de la santé mentale, que ce soit d'un point de vue soins, un contexte judiciaire, dans les médias, ou toute autre communication.
Que fait-on à la plateforme ?
A la plateforme, nous participons à des événements publics tels que la fête nationale, les 20km de Bruxelles.
Nous organisons aussi nos propres événements.
Nous y tenons un stand ou proposons des animations, des colloques, ce qui nous permet d'être en contact direct avec le citoyen et les différents publics que nous ciblons afin de pouvoir :
- répondre à ses questions,
- le rassurer et être à son écoute,
- lui indiquer des lieux de soins ou des professionnels de santé auxquels il peut s'adresser,
- le sensibiliser aux différentes maladies en distribuant des brochures d'informations,
- déconstruire les idées reçues,
- etc.
N'hésitez pas à consulter notre agenda ou suivre nos actualités pour nos prochains événements.